LES SOCIALISTES LUTTENT POUR UN GOUVERNEMENT NPD

Pourquoi le Caucus Socialiste du NPD est nécessaire
Par Barry Weisleder
Depuis 1998, le Caucus Socialiste du Nouveau Parti Démocratique (le parti politique de masse basé sur les syndicats au Canada anglais) fait campagne pour un ordre du jour des travailleurs et travailleuses et pour des solutions socialistes aux problèmes qui confrontent l’humanité. Le CS fait ouvertement campagne pour pousser nettement le NPD vers la gauche. Nos nombreuses publications et campagnes, tout particulièrement celle de Bev Meslo pour la chefferie fédérale du NPD en 2002-2003, ont eu un impact positif.
Pendant les années 80 et 90, le NPD a évolué progressivement vers la droite. La direction du parti a mené le NPD au bord de la disparition. Par la suite ils ont freiné en s’apercevant du désastre qu’ils avaient créé et ont reculé. En plus du CS, la Nouvelle Initiative Politique (la NIP était un mouvement large mais informe pour une démocratisation du NPD, dirigé par une élite intellectuelle autoproclamée) et d’autres groupes de gauche ont sonné l’alarme. Malheureusement, la NIP a abandonné la lutte pour une alternative socialiste. Mais la direction a compris le message et elle a embrassé l’option populiste de la gauche modérée représentée par Jack Layton, qui a été élu en tant que chef du NPD fédéral en janvier 2003. Le membership du NDP a doublé alors que le parti semblait glisser légèrement vers la gauche ou au moins arrêtait de glisser vers la droite.
Le parti a récupéré une partie de sa base électorale historique lors des élections fédérales en juin 2004, tout comme lors des élections provinciales en Ontario à l’automne 2003, et ailleurs. En 2005, le NPD a connu une remontée lors des élections provinciales en Colombie-Britannique, se retrouvant même en tête des sondages pendant un certain temps, après avoir presque disparu de la carte électorale provinciale en 2001. Les liens du NPD avec les syndicats existent toujours en dépit d’une nouvelle loi restrictive sur le financement des partis politiques.
Clairement, le NPD a ressuscité encore une fois. Mais ses positions politiques, ses priorités et son programme demeurent chargés de contradictions et de caractéristiques franchement négatives. Malgré le fait qu’il ait donné l’apparence d’une ouverture vers les mouvements sociaux, le parti demeure totalement préoccupé par les campagnes électorales. La dernière (celle de juin 2004) a laissé beaucoup à désirer. Lors des élections fédérales du 28 juin 2004, le NPD n’a pas fait campagne contre la mondialisation capitaliste. Il n’y avait aucune mention des solutions socialistes, laissant de côté toute référence au socialisme en tant qu’alternative à l’exploitation capitaliste et à sa destruction de l’humanité et de l’environnement. On n’y trouvait rien sur la propriété publique, encore moins sur le contrôle ouvrier et communautaire.
Nous devons aussi être clair : la représentation proportionnelle au parlement ne mettrait pas fin au « déficit démocratique »; loin de là.
En dépit de sa préoccupation pour les élections et le gouvernement, le parti n’a pas fait campagne pour l’objectif le plus fondamental, soit un gouvernement NPD. Il a proposé plutôt un « rôle central pour le NPD au Parlement ». Ceci impliquait un appui à un gouvernement libéral minoritaire et a permis au grand caméléon, le premier ministre Paul Martin, de faire plus facilement campagne sur sa gauche et d’empiéter sur le terrain politique du NPD.
Jack Layton a mené une campagne énergique. Cependant, elle était loin d’être socialiste, et il a fait marche arrière sur un certain nombre de questions. Il a reculé après avoir initialement pris une position claire et démocratique en opposition à la loi sur la Clarté référendaire de l’ancien premier ministre libéral Jean Chrétien.
Layton a eu l’air ridicule en essayant d’éviter le sujet lors du débat télévisé des chefs. Il a ensuite abandonné la position du NPD pour un impôt sur les héritages, sans expliquer où les revenus de remplacement seraient trouvés. Par la suite il songea un peu plus ouvertement aux conditions pour appuyer un gouvernement minoritaire libéral. Il avait auparavant adouci ses critiques de la responsabilité personnelle de Paul Martin dans la réduction du financement du logement social et dans ses conséquences humaines tragiques.
Tout en s’opposant vigoureusement au bouclier antimissile, avec la moitié du caucus libéral, Layton n’a demandé à aucun moment la fin immédiate de l’occupation américaine et alliée de l’Irak, et encore moins il n’a demandé que le Canada retire ses forces de l’Afghanistan, du golfe Persique ou de la Yougoslavie occupée par l’OTAN.
L’engagement déclaré de Layton pour un budget équilibré est aussi en harmonie avec la position des partis capitalistes. C’est un signe de la réticence des dirigeants du NPD à défier fondamentalement l’ordre du jour néolibéral des coupures, de la déréglementation et de la privatisation. Il n’y avait aucune mention du maintien des emplois menacés ou de la défense de l’intérêt public à Air Canada où à la Compagnie d’acier du Canada. Layton a formulé seulement la proposition la plus modérée à l’effet que le gouvernement conserve des parts dans Pétro-Canada en tant que levier pour une nouvelle initiative publique d’énergie saine.
Nous ne pouvons prédire le futur, mais il semble que le gouvernement libéral minoritaire durera deux ans. Est-ce que le NPD sera trop près des Libéraux et subira les conséquences que le chef du NPD David Lewis a subi pour avoir été associé trop étroitement avec le gouvernement libéral minoritaire de Pierre Trudeau au milieu des années 70.
La réponse dépend en partie de ce que le mouvement syndical et les membres du NPD diront et feront. Elle dépend aussi en partie de ce que les socialistes radicaux en général feront, incluant le Caucus Socialiste du NPD.
Le 28 juin 2004, plus de 2 millions de votes se sont déplacés vers la gauche. Il y a eu un taux de participation de seulement 61%. C’est juste de dire qu’il y a plus que 2 millions d’électeurs qui veulent voir du changement, un nombre significatif veut de grands changements. La prédominance électorale du Bloc Québécois ayant été restaurée, la question nationale du Québec est encore à l’ordre du jour. Les questions autochtones, féministes, ouvrières ainsi que de la guerre et de la paix viennent de plus en plus au premier plan alors que la crise du capitalisme demande de nouvelles solutions.
Les premiers ministres provinciaux veulent que le gouvernement fédéral finance Pharmacare, mais ils ne résisteront pas à la privatisation des services de santé qui est déjà en cours. Les bons emplois disparaissent. Les frais continuent de grimper, alors que les services se dégradent. Les dirigeants syndicaux font des concessions aux propriétaires d’entreprises qui répandent la pauvreté.
Qui se tiendra debout pour la majorité, pour la classe ouvrière, pour ceux et celles qui créent les biens et services pour la société, pour le travail que nous accomplissons et qui est la source première du profit et de la richesse?
Les dirigeants actuels du NPD, malgré certains revirements théoriques, offrent les mêmes vieilles solutions pro-capitalistes usées. Le Caucus Socialiste a de nouvelles et meilleures solutions.
En tant que socialistes, nous devons nous organiser, pas seulement pour des débats de congrès, mais aussi à l’intérieur des mouvements sociaux et dans la rue, pour convaincre les travailleurs et travailleuses de la justesse de nos solutions et pour les rallier derrière notre bannière. C’est maintenant le temps d’être actif.
Poussons le NPD vers la gauche! Construisons un mouvement socialiste plus fort à l’intérieur et au-delà du NPD!
Pour plus d’information sur le Caucus Socialiste du NPD visitez le site www.ndpsocialists.ca
Note du traducteur : Cet article a été rédigé en 2005 par le coordonnateur fédéral du Caucus Socialiste du NPD, Barry Weisleder, qui est aussi le secrétaire national de Socialist Action/Ligue pour l’Action Socialiste. C’est pourquoi il ne fait aucune mention des dernières élections fédérales du 23 janvier 2006. Il conserve cependant toute sa pertinence et son actualité, à la différence que c’est maintenant le Parti conservateur de Stephen Harper qui dirige le Canada avec un gouvernement minoritaire.

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